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lundi 23 mars 2009

Les paradis dans le collimateur du G20


Les paradis fiscaux au purgatoire ? Il y a un an encore, ces sanctuaires de la concurrence fiscale déloyale, du secret bancaire absolu, de la non-coopération judiciaire, de l’opacité des marchés financiers, de l’évasion fiscale sur mesure, de l’imposition a minima, prospéraient en toute impunité.

«[Ils] ont joué le rôle d’accélérateur, à défaut de celui de déclencheur, de la crise», note Gérard Gourguechon, du conseil scientifique d’Attac. Avec le blanc-seing, sinon la duplicité des pays du G20, dont les grandes entreprises sont les premières utilisatrices de ces armes «d’évasion fiscale massive» (lire ci-dessous). Ces mêmes pays du G20, à la faveur d’une récession qui siphonnent leurs budgets, entendent désormais en faire la pierre angulaire de la nouvelle architecture financière. «Les réformer, à défaut de les supprimer comme a pu le dire François Fillon», note un diplomate européen. Et sanctionner les paradis fiscaux qui ne donneraient pas de gages de bonnes volontés.

Du coup, tour à tour, les plus beaux fleurons de l’offshore made in Europe (Suisse, Autriche, Luxembourg, Jersey, Andorre, etc.) se sont employés à lâcher du lest. L’affaire a suscité un clash diplomatique. Le ministre allemand des Finances taxant les Suisses, déstabilisés (lire page 4 et 5) «d’Indiens qui fuient devant la cavalerie». Un député du Parti démocrate-chrétien helvétique répondant à coups d’allusions au régime nazi. Pour éviter de figurer sur la liste noire (mais plutôt souple) de l’OCDE, «ils ont juste accepté, au "cas par cas" et sur "demande concrète et justifiée" de lever le secret bancaire», rappelle John Christensen, du réseau Tax Justice Network. Et les dirigeants des Vingt-Sept ont déjà assuré, jeudi via Jean-Claude Juncker, que plus aucun pays de l’UE ne figuereait sur la liste noire…

La messe est dite ? Non. L’UE n’a guère envie de désarmer ses paradis fiscaux unilatéralement, «si tant est que leurs promesses se traduisent en réelle coopération», note un expert. L’UE pointe par ailleurs du doigt la Chine et ses annexes offshore (Hongkong, Macao). «Même si le G20 accouche d’une souris, le sujet est sur la table, note Jean Merckaert, du CCFD-Terre solidaire.» Pas que celle du G20. «La seule fraude fiscale des multinationales coûte plus de 125 milliards d’euros par an aux caisses des pays du Sud, rappelle Maylis Labusquière, d’Oxfam. Soit la somme que les Nations unies demandent pour réduire de moitié la pauvreté d’ici à 2015.»

CHRISTIAN LOSSON, Libération

(Source "Libération" : http://www.liberation.fr/economie/0101557231-les-paradis-dans-le-collimateur-du-g20)

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